Friday, March 17, 2006

 

Un mot de traducteur

Dans une de ces pièces-miniatures qui n'appartiennent qu'à lui – "dramuscules" à la Thomas Bernhard, mais sans leur côté "engagé"-enragé – Nicolas Bokov nous sert une réjouissante allégorie de ce qu'aura été le régime du "socialisme dans un seul pays" – avec la faillite du fameux slogan d'où tout semble parti, et dont une variante, imaginée par Jarry, aurait pu s'écrire : "Salieri de tous les pays, unissez-vous !"

Fidèle à sa première manière illustrée par La tête de Lénine, Bokov, par une pirouette toute dialectique, renverse, en le prenant à la lettre, l'argument pouchkinien de l'empoisonnement de Mozart par Salieri : Mozart n'est-il pas immortel ? Scandaleuse pactisation de la Mort et du Génie !

Agneau dont repoussent les têtes...

Soixante-dix ans de raccourcissement de tout ce qui dépasse, pour finir, un beau jour, par lâchement abandonner. Juste, avant la toute dernière, peut-être : celle après laquelle plus rien ne repousserait.

Pas de salut collectif – telle semble la leçon de ces pages, au regard de cette histoire, qui débuta avec le siècle et prit tout le siècle en otage pour se raconter.





<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?